Orthoptiste : l’allié discret mais essentiel de votre santé visuelle
Dans l’univers de la santé visuelle, certaines professions œuvrent dans l’ombre tout en étant indispensables à notre bien-être. L’orthoptiste en fait partie. Expert de la fonction visuelle, il évalue, corrige et rééduque les troubles qui affectent notre regard au quotidien. Longtemps cantonné à un rôle technique en appui de l’ophtalmologiste, l’orthoptiste voit aujourd’hui ses missions évoluer, notamment avec la possibilité de renouveler certaines prescriptions de lunettes. Alors que le parcours de soin visuel devient plus fluide, l’orthoptiste s’impose comme un maillon central, en lien étroit avec l’opticien, pour garantir une vision optimale à tous les âges.
Un métier de l’ombre au cœur de la vision
Souvent méconnu du grand public, le métier d’orthoptiste occupe pourtant une place stratégique dans la chaîne de soins oculaires. Spécialiste du bilan visuel et de la rééducation des troubles de la vision, l’orthoptiste intervient en amont, en complément ou en suivi de l’ophtalmologiste. À la croisée de la santé et de la rééducation, ce professionnel joue un rôle-clé dans la prévention, le diagnostic fonctionnel et l’amélioration des capacités visuelles.
Des compétences techniques au service de la fonction visuelle
Formé en trois ans dans un institut spécialisé, l’orthoptiste est un professionnel paramédical diplômé d’État. Ses compétences s’articulent autour de trois axes majeurs :
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Le bilan orthoptique
Véritable état des lieux de la fonction visuelle, il permet de détecter des troubles comme les strabismes, les amblyopies, les troubles de la convergence ou de la coordination oculomotrice.
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La rééducation et la réadaptation visuelle
Elle concerne autant les enfants (notamment dans le cadre de l’apprentissage) que les adultes, notamment en cas de fatigue visuelle, de troubles post-traumatiques ou de pathologies neuro-visuelles (AVC, sclérose en plaques, etc.).
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La participation aux dépistages visuels
En particulier chez les enfants, les personnes âgées ou les patients en suivi ophtalmologique régulier.
Un maillon essentiel du parcours de soin ophtalmologique
Historiquement rattaché à l’ophtalmologiste, l’orthoptiste exerce majoritairement sur prescription médicale. Cependant, la pénurie de médecins ophtalmologistes dans de nombreuses régions a conduit à repenser les modèles de prise en charge visuelle. Depuis plusieurs années, le rôle de l’orthoptiste s’est élargi pour fluidifier le parcours de soin :
- Réalisation de bilans visuels de préconsultation
- Suivi de certaines pathologies chroniques stabilisées
- Contribution à des dispositifs de télé-expertise ou de délégation de tâches
L’objectif : améliorer les délais d’accès au soin visuel sans compromettre la qualité de la prise en charge.
Une évolution majeure : la prescription de lunettes
Depuis un décret du 25 avril 2022, les orthoptistes peuvent, sous conditions, prescrire des lunettes de vue aux patients de 16 à 42 ans, dans le cadre d’un renouvellement de correction optique. Ce cadre s’inscrit dans une logique de délégation de tâches, encadrée médicalement, pour désengorger les cabinets ophtalmologiques.
Cette évolution n’a pas vocation à concurrencer les médecins, mais à proposer une réponse pragmatique et encadrée au besoin croissant d’accès aux soins visuels. Elle renforce également le lien avec les opticiens, qui demeurent les artisans de la mise en forme de la prescription, du conseil esthétique et technique jusqu’à l’ajustement de l’équipement.
Orthoptiste et opticien : deux regards complémentaires sur la vision
Si l’orthoptiste s’intéresse à la fonction visuelle et à sa rééducation, l’opticien, lui, est le garant de la restitution visuelle au quotidien grâce à l’équipement optique. La collaboration entre les deux professionnels se fait en toute intelligence : l’un prépare, ajuste, ou améliore les capacités visuelles, l’autre les matérialise dans un support correcteur personnalisé.
Ce tandem est d’autant plus pertinent dans le contexte actuel, où l’on observe une explosion des troubles visuels fonctionnels liés au numérique, à la fatigue visuelle ou aux troubles d’apprentissage chez l’enfant. L’opticien peut être le premier relais, orientant vers un bilan orthoptique lorsque des signes spécifiques apparaissent : vision floue en fin de journée, inconfort visuel prolongé, vision double, etc.
Un acteur clé de la prévention et de l’éducation visuelle
En plus de son rôle thérapeutique, l’orthoptiste joue un rôle de prévention active :
- Chez l’enfant, il repère les troubles pouvant nuire à l’apprentissage (dyspraxies visuelles, troubles de la convergence)
- Chez l’adulte, il intervient en cas de surmenage visuel (travail sur écran, conduite prolongée)
- Chez les seniors, il accompagne la perte d’autonomie visuelle et aide à optimiser les capacités restantes
Son rôle éducatif est aussi essentiel : apprendre à mieux utiliser ses yeux, corriger des postures visuelles inadaptées, accompagner le port de lunettes ou de prismes, etc.
Conclusion : un pilier discret mais décisif dans la santé visuelle globale
L’orthoptiste, bien que souvent dans l’ombre de l’ophtalmologiste, est un professionnel à la croisée de la science, de la précision et de la pédagogie. En complémentarité avec les ophtalmologistes et les opticiens, il participe activement à une approche globale, fluide et individualisée du soin visuel. Dans un contexte de pression croissante sur les filières médicales, sa montée en compétence et sa collaboration étroite avec les autres acteurs de la santé visuelle représentent une réponse concrète, humaine et efficace aux enjeux du XXIe siècle.